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Syngué sabour -Pierre de patience

Atik Rahimi

samedi 2 mai 2009, par corine Budde

Le cri d’une femme afghane qui veille son mari inerte, un homme au regard éteint, aux portes de la mort quelque part dans un pays plongé dans une violence imprévisible. Le récit est d’une intensité remarquable. Cette femme d’à peine trente ans qui n’a jamais pu parler à cet homme à qui elle fut mariée, alors qu’elle avait 17 ans, profite de l’inertie de ce dernier qui semble-t-il ne l’entend pas, pour lui dire tout ce qu’elle a enfoui en elle durant dix ans de vie commune, dix ans de guerre durant lesquels elle ne l’a quasiment jamais côtoyé.

« Cette voix qui émerge de ma gorge, c’est la voix enfouie depuis des milliers d’années. » dit-elle.

Les phrases sont jetées comme un cri, de manière quasi spontanée. Le monologue de cette femme pourrait dégager de la rancœur et pourtant on devine de l’amour. Tout en égrenant un chapelet en récitant quelques versets du Coran, elle lui raconte par bribes de phrases, ses secrets de femme, sa solitude, ses peurs, sa souffrance quotidienne. Elle lui en veut pour son égoïsme, son mépris.

Prix Goncourt 2008, écrit en français par un poète afghan, réfugié politique en France, ce livre ne se referme qu’une fois que l’on a atteint la dernière phrase.

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